Le brouillard ; Ce film d’horreur dont nous sommes le héros?

Le brouillard ; Ce film d’horreur dont nous sommes le héros?

Un épais voile de brouillard couvre Montréal ce matin. Du pont Jacques-Cartier, impossible de voir la ville; je marche sur une rampe qui mène au néant. Même La Ronde, pourtant juste en-dessous de moi, est disparue dans les nuages. Le trafic de la métropole n’est un léger murmure; l’opacité de l’air semble estomper le bruit autant que la vision. Une aura de mystère règne, rappelant étrangement les films d’horreur de morts-vivants ou d’envahisseurs extraterrestres.

Lorsque j’étais enfant, ces journées brumeuses éveillaient en moi une certaine fébrilité, comme la première neige, une pleine lune ou une journée orageuse. Qu’est-ce que le nébuleux peut être fascinant, lorsqu’on est petit!

Avec l’âge, notre cerveau développe la fâcheuse habitude de faire des associations.

Aujourd’hui, le brouillard me fait peur.

Cependant, le film d’horreur qui joue dans ma tête ce matin ne met pas en vedette des vilains de l’au-delà, mais plutôt un scénario ténébreux dont l’horreur est particulièrement abyssale étant donné sa plausibilité.

Présentement à l’affiche : le smog.

Plan large sur une scène véritablement apocalyptique. On discerne à peine les gens dans la rue en raison de l’opacité de l’air; mais de plus près, on voit qu’ils portent des masques chirurgicaux. D’autres restent chez soi pour demeurer à l’abri de l’air extérieure. Des avions sont cloués au sol et des autoroutes sont barrées afin de réduire les émissions dans l’atmosphère. L’air est poison, le taux de mortalité explose. On sonne l’alerte rouge.

Ce film d’horreur, il se déroule actuellement dans certains coins du monde – des endroits surpeuplés où les lois environnementales sont trop faibles ou manquent tout simplement à l’appel. Facile de balayer d’un revers de main ces problèmes qui, à première vue, semblent lointains et hors de notre contrôle.

Pourtant, une part de responsabilité nous revient.

Les Canadiens sont parmi les plus importants pollueurs du monde. En effet, le Canada figure parmi les 15 pays qui émettent le plus de gaz à effets de serre par personne. L’humanité entière partage un seul écosystème planétaire et nous savons très bien que les effets dévastateurs de la pollution ne respectent pas les frontières dessinées par l’homme.

Afin de combattre les changements climatiques et dans l’intérêt de la justice sociale, il est primordial de voir l’écosystème mondial comme le bien commun – et fragile – qu’il est. Chacun d’entre nous doit réduire son empreinte carbone en préconisant une consommation raisonnable, durable et locale. Si nous nous mobilisons, il n’est pas trop tard pour éviter que la scène apocalyptique décrite plus haut ne devienne le statu quo à travers le monde.

Émilie Campbell-Renaud